Présentation générale du Château des Fossés

Localisation

Situé au 26, route de la Vallée de Baudrimont à Haramont, à 4 km de Villers-Cotterêts, 10 km de Pierrefonds, dans le Valois (Aisne). Niché au fond d’un vallon boisé et au bord de la route de la Vallée de Baudrimont, route en impasse qui mène d’Haramont au Prieuré de Longpré (Monument Historique).

Il a été édifié sur une lieu soigneusement choisi, et ceci probablement dès l’époque néolithique: cette zone choisie dans les marécages de la vallée creusée par les sources et les rus a été drainée de trois fossés pour en faire une sorte d’île de terre ferme, abritée des animaux, et où l’on pouvait recueillir les eaux claires des ces rus et sources, jusqu’à en constituer un vivier à poisson en eaux vives. L’endroit était par ailleurs totalement préservé des pluies orageuses qui ont occasionné  au fil des siècles des dégâts signalés dans le voisinage, comme le prieuré de Longpré voisin, touché par les torrents d’eaux boueuses du versant nord de la vallée. Le lieu-dit des Fossés se trouve un peu après un premier point bas de la vallée, juste avant le ferme en venant d’ Haramont d’une part, et après le château d’autre part, où le terrain reprend une pente déclinante et les rus se rejoignent pour passer par les étangs de Longpré et se jeter dans l’Automne. Le terre-plein aménagé pour les Fossés se trouvait ainsi à l’écart de ces menaces, jusqu’à ce que la route asphaltée qui a remplacé le chemin pavé de Longpré au XXème siècle ne soit de plus en plus surélevée et ne crée une sorte de toboggan déversant vers le château. Sans les interventions modernes de l’homme, les lieux ont pu braver au moins dix siècles, à tel point que des caves ont été créées sous le château et sous les dépendances, ce qui aurait été absurde si ceux-ci avaient été vulnérables à des inondations. Du reste les Fossés se trouvaient à l’orée du Grand Parc de chasse de François Ier, et des recherches en cours tendent à montrer qu’ils accueillaient la fauconnerie des comtes de Valois, puis des rois de FRance dès le Moyen Age, avant l’édification du manoir au XVIéme siècle, dans la maison forte et le donjon qui existaient auparavant.

Sur la route qui y conduit, juste avant le château se trouve une ferme de même époque, qui en dépendait autrefois, et est aujourd’hui une exploitation agricole en activité.

 

Situation juridique

Propriété depuis octobre 1999 de M. Xavier Blutel, qui l’acquit des héritiers Laval.

Inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (Commission Régionale du 27 mars 2003, décret préfectoral du 17 juin 2003).

Le château est ouvert à la visite durant l’été et les journées du Patrimoine, et sur rendez-vous. Il est habité à l’année par ses propriétaires.

 

Insertion dans l’environnement

Le château est proche d’une petite route au fond d’un vallon boisé et parcouru de sources et de rus affluents de l’Automne, à 1 km du centre d’Haramont, (Eglise Saint Clément, classée M.H. en 1933), et en direction du Prieuré de Longpré (classé MH), sis 800 mètres plus bas.

Il se trouve à proximité d’un lavoir ancien en pierre, réhabilité et entretenu par la commune, et de la station de pompage de la Dhuy qui alimente Villers-Cotterêts et Haramont en eau.

Le château est mitoyen avec une ferme, ancienne dépendance du manoir, également très ancienne, et qui forme un prolongement architectural naturel de la propriété vue de la route.

Les côtés sud, ouest et nord sont en taillis sous futaie, appendices de la belle forêt de Retz. Ils étaient dans les temps reculés plantés en vigne ou laissé en larris. Les parcelles situées au-dessus des coteaux sont le résultat de défrichements anciens, et séparent ceux-ci du Bois de la Selve au Sud et du Petit Bois d’Haramont au Nord, deux portions de l’immense forêt de Retz. Elles étaient longtemps laissées en pâture ou en larris, avec des haies, et des arbres fruitiers plantées en bas de pente, ce qui évitait en grande partie le dévalement des eaux de pluie sur ces territoires liés à la chasse.

Le château des Fossés, avec la ferme, le lavoir, les bois voisins, le prieuré de Longpré, forment un ensemble inappréciable, fondamentalement important pour l’homogénéité architecturale et naturelle de cette partie encore intacte de la commune d’Haramont.

 

Biodiversité :

Proche des marais de Wallu,  de la magnifique vallée de l’Automne, et inséré dans le bois Hariez, site Natura 2000 et appendice de l’immense forêt de Retz, le château et son parc sont dans une zone humide et boisée aux caractéristiques remarquables. Les joncs et roseaux qui bordent les pièces d’eaux et les rus ont permis jadis le développement de l’activité de vaniers et de cazerotiers du village d’Haramont.

Des mousses et lichens extrêmement rares en ces régions ont été inventoriés dans les sous bois voisins. Champignons de toutes sortes, escargots, mais aussi des martin-pêcheurs, de nombreux hérons cendrés, dives rapaces sont fréquemment aperçus. Les cerfs de la forêt de Retz viennent brouter et boire en bande aux abords tous proches de la demeure. Les pièces d’eau accueillent des carpes, grenouilles et crapaux.

L’espèce protégée des Petits Rhinolophes (« Rhinolophis hipposideus »), est très représentée, et une Convention de Partenariat a été signée en 2013 avec le Conservatoire d’Espaces Naturels de Picardie pour en assurer la préservation. Plus de 150 chiroptères nichent à la belle saison dans les combles pour la mise à bas et l’allaitement des petits. Et un nombre presque équivalent hiverne dans les caves des dépendances pendant les saisons froides. Ceci fait du château le site de la région Picardie abritant sans doute le plus grand nombre de représentants de cette espèce rare et cherchant les lieux calmes dans des environnements préservés. Signalons que la maison forestière du Bois Hariez, dédiée par l’ONF à cette espèce pour les naissances, se trouve à moins de 4 km de là, tout comme la carrière du chemin de Vez à Emeville, autre lieu d’hibernation protégé, encore plus proche.

Malheureusement ces richesses sont depuis quelques décennies gravement menacées par la répétition de torrents de boues provenant du versant sud de la vallée. Alors que les lieux en avaient été préservés durant des siècles, un péril croissant provient des méthodes modernes de l’agriculture intensive pratiquée sur les parcelles en pente à l’aplomb de la route qui longe le château, combinées à la surélévation de cette route: le labour profond, la suppression de haies, la culture jusqu’au rebord de champ favorisent le fragmentation des sols, l’érosion, et l’accélération des eaux torrentielles chargées de boues -et éventuellement d’intrants chimiques. Des interventions malheureuses ou incomplètes sur les pentes boisées ont pu aggraver ce phénomène, et c’est un des grands défis du XXIème siècle que de trouver des solutions pour le bien commun de toutes les parties concernées. Ceci nécessite la bonne volonté des exploitants, qui pourraient y trouver leur compte, et de la municipalité, pour l’heure passive ou même contre-productive.

 

Une introduction par Alexandre Dumas père

« Du plus loin qu’il me souvienne, c’est-à-dire de l’âge de trois ans, nous habitions, mon père, ma mère et moi, un petit château nommé les Fossés, situé sur les limites des départements de l’Aisne et de l’Oise, entre Haramont et Longpré.
On appelait ce petit château les Fossés, sans doute parce qu’il était entouré d’immenses fossés remplis d’eau. »

(Le Meneur de Loups)

 

“Sur les limites du département de l’Aisne, à l’ouest de la petite ville de Villers-Cotterêts, engagées dans la lisière de cette magnifique forêt qui couvre vingt lieues carrées de terrain, ombragées par les plus beaux hêtres et les plus robustes chênes de toute la France, peut-être, s’élève le petit village d’Haramont, véritable nid perdu dans la mousse et le feuillage, et dont la rue principale conduit par une douce déclivité au château des Fossés, où se sont passées deux des premières années de mon enfance.”

Conscience l’Innocent (1852, en exil à Bruxelles)

 

L’église d’Haramont (classée Monument Historique sous le mandat de M. du Sault

 

Le village d’Haramont

Cité en 1150, le nom signifie mont d ’Harald, sans doute d’un viking remonté par l ’Oise, un cousin de ces normands dont faisaient partie les Davy, ancêtres de Dumas… L’un d’eux se retrancha-t-il au Xème siècle entre ces fossés? Un ancêtre, selon le mythe familial des Fossés, tuera sur un pont le saxon Isoré, neveu de l’empereur Othon, au siège de Paris en 978. Une tour carrée médiévale sera la base du manoir Renaissance édifié début XVIème par ses descendants qui prirent le patronyme « des Fossés ».

 

Le manoir Renaissance date du début XVIème, et fut bâti sur les vestiges d’une tour carrée médiévale. Un décor propice aux histoires de cape et d’épée pour un enfant dont l’imagination s’éveille. Il pourrait s’agir de l’ancienne fauconnerie des comtes de Valois et des rois de France, en bordure du Grand Parc de chasse de François I, et au bas de la laie de la Selve.

Dans cette demeure de caractère en pleine nature, à moins d’une lieue de Villers-Cotterêts, le jeune Alexandre forgera sa riche imagination et passera les seuls moments d ’intimité qu ’il aura avec son père, mort trop jeune, et idolâtré pour toujours.

 

Arrivée aux Fossées par la vallée de Baudrimont

 

Historique du Château

Origines

Le château est situé à Haramont, dans le Valois, région de chasses et de séjours royaux (mérovingiens, carolingiens, Philippe Auguste, puis les comtes de Valois, puis Louis XII, François 1er, Henri IV au château de Villers-Cotterêts) et princiers (les Orléans). Haramont, à la Selve, abritait la volerie du Roi Louis XII.

La région fut très touchée par l’Histoire: Guerre de Cent Ans, révolte des Jacques touchant Largny, Coyolles, Pisseleu, Montgobert (1358), guerres entre Armagnacs et Bourguignons (1411-12), passage des Anglais (1422-33), des Espagnols (1544), guerres de Religion (ravages de 1567), Révolution française où les multiples manoirs, biens religieux de la région furent saisis, dévastés, utilisés comme carrières de pierre par de nouveaux occupants. Vinrent ensuite les cosaques en 1815-1816, les guerres de 1870, 1914-1918.

Rebâti par la famille des Fossés au début du XVIème siècle, le château succédait à une place forte plus ancienne, citée dans des titres familiaux de la famille de Noüe, plusieurs fois alliée à la famille des Fossés aux XIV- XVème siècles. On retrouve dans la masse le plan d’un ancien donjon carré avec des murs de 120 cm d’épaisseur, constituant la structure de la partie droite (en entrant) de la bâtisse. Il aurait pu s’agir de l’emplacement de l’ancienne fauconnerie, au débouché de la laie de la Selve juste au sud, et à proximité des rus, étangs et marécages où l’on pouvait battre les taillis pour faire s’envoler les proies des occupants de l’oisellerie devant les dames invitées à assister au spectacle.

Le fief des Fossés est cité au XIVéme siècle dans un procès verbal de bornage d’Haramont. La seigneurie d`Haramont, distincte, était vassale de Betz, et arrière vassale de Crépy. Ces deux seigneuries furent réunies entre les mains des Fossés au moins à partir d’Antoine I des Fossés, en 1474. Le manoir fut construit à l’époque où l’on reconstruisit partiellement l’église paroissiale saint Clément d’Haramont (classée M.H.) et où l’on embellit l’abbaye de Longpré (également M.H.). Antoine des Fossés, seigneur du fief, fit également rebâtir “a fundamentis” le château de Coyolles au XVIème siècle.

Les armes de cette famille sont gravées sur la façade extérieure de la maçonnerie du portail poterne du manoir (travail tardif du XIXème siècle). Elles se blasonnaient : “de sinople à deux lions d’argent adossés et leur queue passée en sautoir double”.

 

Cette famille fut de grande importance dans la région, où ses membres furent seigneurs du fief de la Cour à Largny, de Baudrimont (qui touche à Longpré), vicomtes de Boursonne , seigneurs du château de Noüe à la fin du XIVème siècle, de Pisseleu, Largny, Queüe au XVIème siècle, seigneurs puis marquis de Coyolles de la fin du XIVème siècle à 1788.

D’autres branches s’illustrèrent en Picardie: la branche de Beauvillé, éteinte en 1780, celle de Sissy, près de Saint-Quentin (02), éteinte mais qui fournit le rameau des comtes de Villeneuve, encore existant de nos jours.

 

Les possesseurs successifs du château

La famille féodale des Fossés

 

Plus de quatre siècles d’enracinement avec des interruptions

Le mythe familial de la famille des Fossés rapporte que, en octobre 978, lors du siège de Paris par l’empereur germanique Otton II qui voulait punir l’avant-dernier carolingien Lothaire de son expédition contre Aix-la-Chapelle, un certain Bertrand des Fossés aurait vaincu devant le châtelet qui défendait le grand pont le géant germanique Isoré (d’où le nom ‘’Tombe-Issoire’’ à Paris). Toutefois ce haut fait a aussi été attribué successivement au duc de Bretagne Alain Barbetorte au XIème, au comte d’Anjou Geoffroy Grisegonnelle vers 1130, et, dans le ‘’Moniage Guillaume’’ vers 1160 à… Guillaume d’Orange – Issoir, alias Isoré, devient alors un sarrazin !).

Les premières justifications sur titres de la famille des Fossés remontent au tout début du XIVème siècle. Après les déprédations dues aux ravages de la guerre de Cent Ans, des bornages furent effectués pour corriger ou entériner des empiètements territoriaux. En 1401 eut lieu la révision contradictoire de quatre propriétés : celle de Longpré, de Jean seigneur de Vez, de Jean Poullet, seigneur d’Eméville, et de Colard le Messager, des Fossés.

 

Hugues des Fossés, né vers 1335, eût trois fils :

– Antoine, époux d’Elisabeth de Vincelles, parents d’une fille, Marie, morte le 21/12/ 1445 au château de Coyolles, veuve depuis deux ans de Pierre I de Noüe, qu’elle avait épousé le 28/05/1408 à Longpré.

– Guillaume des Fossés, tige de la branche de Coyolles qui, au fil des siècles, perdra et retrouvera par alliance les seigneuries des Fossés et d’Haramont. Ce Guillaume est, en 1395, commandant du Fort de Charenton, écuyer d’Honneur de Charles VI qu’il accompagne en Picardie pour les fiançailles d’Isabelle de France avec Richard II d’Angleterre ; il donne quittance de ses gages le 8 août 1403. En 1414, il est huissier d’armes de Mgr Louis, fils aîné de Charles VI. Il a un fils, Robert, et une fille, Jeanne, épouse de Pierre de Sarcus.

– Philippe, tige des seigneurs de Sissy, près de Saint Quentin, qui donneront les branches de Champagne, de Sotter, de Vermandois, de Villeneuve et de Beauvillé.

 

Robert des Fossés, seigneur des Fossés et de Coyolles, fils de Guillaume, acquit le 8 octobre 1420 des terres à Haramont, sans doute pour agrandir son fief des Fossés. Il meurt le 18 août 1468 en son château des Fossés, que lui ou son père avait fait rebâtir en manoir selon le goût de la Renaissance.

Il eût une fille, Marie, (1430-1499), épouse en 1471 de Jean I de Noüe, décédé le 19 septembre 1489 au château des Fossés également. D’eux descend toute la famille de Noüe.

 

Son fils, Anthoine des Fossés, continua la descendance des seigneurs des Fossés, d’Haramont et de Coyolles. Ecuyer tranchant de Jean d’Orléans, comte d’Angoulême, veuf d’Anne de Villars, il épousa Antoinette de Vaucelles, fille de Jacques, qui lui transmet la vicomté de Boursonne. Il est aussi seigneur de Vez en 1484. Il fut également capitaine-concierge de Villers-Cotterêts et garde de la forêt de Retz. En 1487 son frère Jehan est élu abbé de Longpont, où il meurt en 1515 en odeur de sainteté.

 

Une autre sœur, Antoinette, épousa en 1449 Georges de Fallaz.

D’Anne de Villars, Antoine avait eu Antoine II, qui a continué, et Antoinette qui transmit la vicomté de Boursonne à son second mari, Jacques de Capendu, épousé en 1496. Cette vicomté demeurera chez les Capendu jusqu’à la Révolution. Antoinette était veuve de Jacques le Vasseur, épousé en 1473. La troisième fille, Amisse, épousa en 1482 Guillaume de Chézelle.

Antoine II épousa en premières noces Perrette de Vendières (et Philippine d’Aultry ensuite, dont il n’eût point de postérité). Leurs enfants furent :

– Antoine III, qui a continué les seigneurs de Coyolles. Cette branche aînée reprendra au XVIIIème siècle possession des Fossés : Angélique de Ronty, qui épousa Michel des Fossés de Coyolles, avait reçu de sa mère, née Marie-Françoise de Thouars (1632-1696) les seigneuries des Fossés et d’Haramont. Elle les tenait elle-même de son père Benjamin, né en 1602, cadet de Josias 2, lui-même fils de Claude et petit-fils du premier Josias, le calviniste “usurpateur” des Fossés (voir plus loin).

– Isabelle, épouse d’Antoine de Lanvin ; leur fille Françoise épousera Adrien de Mazencourt ; d’eux sont issus tous les membres de la famille Mazencourt.

– Antoine IV, “le Jeune”, seigneur des Fossés, père d’Adrien. En 1563, cet Adrien cède en location son moulin des Fossés. Son père s’était arrogé le droit de construire ce moulin dans les dépendances du domaine, véritable défi lancé aux moulins de Coyolles et de Vez, dépendant de Crépy, donc du domaine ducal. Il acquiert en 1595 la seigneurie d’Haramont proprement dite. Cette décision montre bien que les lieux n’étaient pas sujets à des sinistres provoqués par les orages, qui ont pourtant toujours existé et provoqué des dégâts en aval, à Longpré par exemple.

 

Les troubles des Guerres de Religion, rapines et appropriations de biens…

Usurpation et restitution

Les Thouars s’emparent des lieux…et les restituent par mariage

Dès la fin XVIème et au début du XVIIème siècle, un suiveur d’Henri de Navarre, le calviniste Josias de Thouars, seigneur de Beauregard, à la faveur des Guerres de Religion, s’appropria les seigneuries d’Haramont, divers biens relevant de Pierrefonds, et les Fossés, sans parler de biens des religieuses de Longpré, biens qu’elles récupérèrent par arrêt du Grand Conseil en 1618. Ces Thouars portaient les armes des anciens et illustres vicomtes de ce nom, en Poitou, en principe éteints . En réalité Josias était probablement issu des Thouars (olim Thouwart) châtelains héréditaires de Tournai, seigneurs de Mortagne au confluent de l’Escaut et de la Scarpe par récompense de Louis XI pour une trahison en sa faveur -à ne pas confondre avec le Mortagne-sur-Sèvre vendéen dont étaient princes…les Thouars poitevins avec lesquels ils s’inventèrent une filiation mythique dès le XVème siècle. Les armes de nos Thouars, alias Thouwart ou Tuwaert étaient:

«De gueules, semé de trèfles d’or, un léopard lionné du même, armé et lampassé d’azur, brochant». Le léopard leur avait été conféré par le prince de Galles au XIVème siècle en remerciement…d’une autre trahison.

Il semble que les Fossés étaient mis la plupart du temps en fermage à ces époques de troubles, alors qu’aussi bien les Thouars que les Fossés sont qualifiés de “co-seigneurs des Fossés”. Nous ignorons à ce jour si cette “cohabitation” avait des origines violentes ou consensuelles, mais l’absence de descendance d’Adrien explique peut-être cette appropriation subite.

On connaît un arrêt de 1618 rendu au Châtelet à Paris :

« Josias de Thouars, sieur de Beauregard et des Fossés étant de la religion prétendue réformée s’estoit empares de la plus grande partie desdi fiefs (appartenant à Longpré) durant les guerres civiles, mais estant finies par l’heureuse conversion de Henry le Grand, lesdites religieuses firent saisir quantité de terres que ledit sieur de Beauregard s’était attribué après grandes contestations, par sentance des requestes du Palais descente est faite sur les lieux par Maître Claude Larcher, conseiller du Roi en sa cour de Parlement et commissaire à ce député, en laquelle descente, description et figures des lieux sont faites avec le procès verbal contenant la contestation des parties et rapport de l’arpenteur du 17 Mars 1608.

… Ensuite, la cause est évoquée au Grand Conseil, arrêt contradictoire est intervenu par lequel lesdites religieuses sont maintenues en la possession et jouissance desdits fiefs du 25 septembre 1609 prononcé le 16 Novembre 1618. » (A.N.)

Une telle restitution ne fut pas accordée aux Fossés -mais peut-être y avait-il eu régularisation par acquêt. Toujours est-il que Claude de Thouars, fils de Josias, lui succéda en 1630 ou avant. Il loua la seigneurie et la ferme des Fossés. Il laisse Beauregard, Haramont, les Marais, Valsery et Pierrefonds à son propre fils Benjamin, major puis Lieutenant du Roi de la ville et citadelle de Laon, maintenu noble en 1668 par l’Intendant Dorieu après avoir prouvé quatre générations de noblesse depuis 1549.

Une curieuse anecdote se produisit en 1666 aux Fossés. Elle nous est connu par le rapport suivant :

 “A Villers-Cotterets le 15° mars 1660

 Passant icy hier sur les quatre heures du soir, je fus adverty par M. de Marolles qui estoit sollicité par un billet de M. le Président de Noviont de donner mainforte à quatorze ou quinze archers du lieutenant Criminel de Robe-Courte pour arrester le sieur Deternau qui avant enlevé avanthier aux portes de Paris le sieur de Marconnière, capitaine dans le Régiment de Piémont avec la demoiselle de sa mère qu’il avait conduite dans la maison de Mr de Beauregard aux Fossés. Le juge ne devait pas passer outre sans estre plus amplement informé de cette affaire. J’ai envoyé Mrs de Marolles et Bezanne aux Fossés avec un ordre adressant aux gens qui estoient dedans de les y laisser entrer pour estre informés de ce qui s’y fesoit et m’en venir rendre compte. Le sieur Deternau les y laissa entrer et après quelques discours, lesdits Srs de Marolles et Bezanne, assez légèrement, lui donnèrent parolle de me venir trouver et qu’après  m’avoir informé de ses intérêts, il s’en retournerait aux Fossés.

        Je fus assez étonné de le voir arriver ce à quoi je ne m’attendois ni ne le souhaittois point. Il me dit que ce qui l’avait obligé à faire cela estoit pour ravoir son bien que ledit sieur de Marconnière avait eu de sa belle-mère Madame de Magny. Je luy dis que ces sortes de violances n’etoient point permises, et que s’il me voulait remettre ses intérêts entre les mains et laisser mener ici dans le château ledit sieur de Marconnière et la demoiselle, que je l’asseurois qu’ils y seraient gardés et que l’on verrait d’accomoder leur affaire.

        A quoi il me répondit assez insolament qu’il estoit venu sur la parolle de ces deux gentilshommes et qu’il sauroit bien la leur faire tenir que lorsqu’il serait de retour aux Fossés qu’il recevrait mes ordres et y obéirait. Je le laissé retourner et j’y ai envoyé vingt fuzeliers. Etant entré dans le château il n’en voulut recevoir que cinq. J’ai informé M. le Mareschal d’Estrée de cette affaire et ay faict advertir les prevots des mareschaux de Crepy et de Soissons de se trouver icy pour s’en servir en ce que l’on en aura besoin. “

Compte tenu de la date, le seigneur de Beauregard est forcément Benjamin  de Thouars, +29 /10/1669 à Laon, époux d’Anne Marquette, fille de Louis, bourgeois de Laon, et de Françoise Vaironet qui, veuve, sera dame  des Fossés, d’Haramont et de Beauregard. Les officiers royaux sont identifiables, mais pas les principaux protagonistes de l’aventure ni leurs motifs ou la raison de leur présence -peut-être comme locataires (‘fermiers’ selon les termes de l’époque), ou famiiliers des lieux s’ils n’étaient alors utilisés que comme maison de chasse.

La fille aînée de Benjamin, Marie-Françoise de Thouars, porta Haramont et les Fossés à un gentilhomme laonnais, Robert de Ronty, vicomte de Suzy, seigneur de Soubacourt, Sainte-Algis, garde de la manche du Roi, capitaine au régiment Royal d’Artillerie. Il était fils de Charles de Ronty et de Jacqueline de La Chapelle-Rainsouin, vicomtesse de Monampteuil.

Haramont passa à une de leurs filles, Angélique, qui la ramena dans la branche aînée de la famille des Fossés par son mariage avec Michel, marquis de Coyolles, fils de Jean et de Marie-Jeanne Pajot, petit-fils de Pierre des Fossés et de Marguerite de Bragelongne. Ce Pierre était fils d’un autre Pierre et d’Hélène de Carvoisin, épousée le 26/6/1581, et petit-fils de cet Antoine III cité plus haut, seigneur de Coyolles, Lieutenant Général des Eaux & Forêts du duché de Valois et de Françoise de la Sangle.

Sans enfants, ils laissèrent ces fiefs au cadet Louis, avant-dernier marquis de Coyolles après son frère Michel. Louis, marié à Jeanne Soir, avait acquis l’office de lieutenant des maréchaux de France au bailliage de la Ferté-Milon auprès de Nicolas Nicolaÿ, qui en était titulaire depuis 1702. Capitaine au Régiment de Languedoc, il fut aussi commissaire-syndic de la noblesse de Valois.

Après cet intermède de plus d’un siècle, le manoir et le fief qui en relève étaient ainsi revenus dans la famille des Fossés, qui aller justement s’éteindre dans les mâles. Après le décès prématuré de son frère Louis-François, dernier marquis, célibataire, en 1747 à 26 ans,  Coyolles et le manoir des Fossés passent par succession à Jeanne-Eléonore des Fossés, fille de Louis, et épouse de Jean-René de Jouënne, comte d’Esgrigny (Jouenne Desgriny):

Par tirage au chapeau, elle reçoit le 2ème lot, qui comprend les seigneuries des Fossés et du Marais pour une valeur de 70 000 livres, les 4/10 d’un immeuble de rapport rue des Bons Enfants dans le Marais en indivision avec Mme de Brut et rapportant 4550 livres de loyers annuels, part évaluée à 30 000 livres, et 7330 livres en espèces, soit 107 330 livres représentant 50% de la masse. Sa soeur reçoit Coyolles, évalué à 98000 livres, et diverses créances et espèces.

A ce moment, la terre et seigneurie des Fossés étaient affermées à un M. Lemoine sur le pied de 1550 livres par an.

Elle est convoquée en 1789 à l’assemblée de la noblesse du bailliage de Villers-Cotterêts. Pendant la révolution, elle fut arrêtée sur dénonciation et détenue à la prison de la Force puis remise en liberté. Elle habitait alors à Paris au 105 rue de la Verrerie. Son dossier précise: « son revenu d’un montant à environ 10 000 livres, ses relations, ses liaisons: fréquentant peu de monde; caractère austère vivant mesquinement quoiqu’ayant de la fortune

Les fiefs des Fossés et d’Haramont passèrent ensuite à sa fille Marie-Jeanne-Victoire, née le 13 juillet 1752 à Coyolles. Elle épousa Pierre de Saint-Martin, baron de Tourempré, maréchal de camp (promotion du 5 décembre 1781) né à Calais le 18/2/1720, mort le 2 août 1783, son aîné de 32 ans, et proche du duc d’Orléans, comme l’atteste l’aquarelle de Carmontelle. Il possédait le château de la Motte-Joudry, situé entre Orléans et Gien, et le couple résidait plutôt entre Paris et ce domaine. Après sa mort, la veuve adresse le 5 août 1783 une demande de pension au maréchal de Ségur en précisant que son mari était « le 14ème enfant d’un 15ème cadet de Picardie sans autre bien que les grâces du roy perdues à sa mort ».

Elle épousa ensuite François Nicolas Le Cauchois (alias Le Cauchoix), garde-marteau des forêts du duc d’Orléans et plus tard conservateur des Forêts Impériales à Orléans. En 1796 ils rachètent La Motte-Joudry aux neveux de Tourempré.

Le fief des Fossés échappa à la confiscation, contrairement à l’abbaye de Longpré, vendue comme Bien National le 17/03/1791). Dès avant la Révolution Marie-Jeanne-Victoire est dame des Fossés comme en témoigne un échange de courriers avec l’Intendant de Soissons en 1779-1780 suite à la demande de Salmon, curé d’Haramont, de faire réparer le presbytère et à son refus de payer les 81-00 livres demandées à cet effet (AD de l’Aisne -C129): Le 1/11/1779, elle finit par accepter: « Trouvez bon Monsieur que comme seigneur donataire de la terre des Fossés et de toutes les censives d’Haramont je cède aux voeux des habitants » (signé: Tourempré; la requête précédente en appel du 12-4-1779 était signée « Desfossez Desgrigny »). La lettre accuse toutefois le curé, avec M. le Clair (le Clerc, subdélégué de l’Intendant), d’avoir falsifié la décision de réparation pour refaire tout à neuf ailleurs. Dans un courrier du 20-10-1779 elle dit avoir perdu son mari « quelques semaines plus tôt ». Les 22-6, 6, 9-7-1779, elle avait écrit à M. Daminois, secrétaire du Roi et Receveur général des vingtièmes de la généralité de Soissons, « son neveu », habitant rue des Cordeliers, d’intervenir. Cette parenté, précise-t-elle, est par la femme de Daminois. Il a écrit une recommandation le 12-7-1779. On sait par ailleurs que Louis de Jouenne d’Esgrigny, sgr de Cramaille, épousa une Etiennette Daminois, +1808. Il était fils d’Henri-François +1789, lui-même fils de Jean-François-René et d’Anne-Marie Lefebvre.

 

La sœur aînée de la dernière propriétaire issue de la famille des Fossés, Jeanne-Eléonore, la fille aînée de Jeanne des Fossés, marquise d’Esgrigny, ne s’est pas mariée et est qualifiée d’abbesse de la Ferté Milon à l’arrestation de sa cadette. La cadette, Jeanne Anne “Desgriny”, avait épousé en 1769 François Joachim de Mazencourt, dont elle eût Alexandre de Mazencourt, héritier des biens de la famille des Fossés à Coyolles. Ce dernier émigra en Prusse, où il devint lieutenant au régiment de Wardenslaben. De ce fait, les châteaux et terres de Coyolles furent confisqués comme biens nationaux en l’An III de la Révolution et vendus en septembre 1794 ; la famille réussit toutefois à reprendre ses droits sur Coyolles grâce à maître Niguet, notaire à Villers-Cotterêts en l’An XIII. Jeanne Anne, de fort tempérament, rencontra une fois en forêt le duc d’Orléans, futur Louis-Philippe, alors qu’il chassait sur ses terres. La façon dont elle le remballa sans ménagement frappa le chroniqueur local Dujardin.

 

Armes des Jouenne d’Esgrigny et Saint Martin de Tourempré /L’arrière du château des Fossés

 

Péripéties post-révolutionnaires

Des successeurs variés

Pour revenir à sa sœur Marie-Jeanne-Victoire, épouse Le Cauchois, elle vendit le 17 janvier 1809 par contrat devant le même Maître Niguet, le domaine des Fossés à Louis-Antoine-Joseph Jarry de Mancy.

Ce personnage, né à Noyon en 1760 et mort à Paris en 1826 fut garde du Corps du Roi avant 1789. Il était le fils de François Antoine Jarry de
Mancy, écuyer, chevalier de Saint-Louis, mestre de camp de cavalerie et maréchal des logis de la seconde compagnie de Mousquetaires, et de sa femme Agnès Bouchel d’Orceval, née le 27 mai 1737. La terre de Mancy leur était parvenue par leur ancêtre Charlotte Louise Provost, dame de Mancy, dont un très  beau portrait de 1656 par Nicolas de Largilière, offert en 1877 par sa descendante Antigone, est conservé au musée de Soissons. Par sa mère il se trouvait être petit-neveu du maréchal de Conflans.

Il acquiert l’abbaye de Villeneuve-Saint Germain, au bord de l’Aisne et aux portes de Soissons de Pierre Letellier, qui l’avait lui-même achetée comme bien national en 1794. Il revendra en 1801 pour 30 000 francs ce qui restait de bâtiments au général Dulauloy. Il achète ensuite le château de Gournay-sur-Aronde (60) en 1807.

Jarry de Mancy  s’offrit également le prieuré de Longpré, à Haramont, éloigné de quelques 400 mètres du château des Fossés. Ses créanciers vendirent l’usufruit de Longpré dès le 22 novembre 1804 au sieur Delunel. Puis le sieur Jarry vendit la nue propriété du domaine de Longpré, le 26 janvier 1813, au général Lautour -ce qui donna lieu à un long procès entre les Delunel et les Lautour qui fit jusrisprudence.

Marié en 1791 à Adrienne-Jacqueline Lemaire, née à Crépy-en-Valois en 1773, et morte en septembre 1807, il la fit inhumer sous une pyramide dans un enclos particulier à la sortie de Gournay, en bordure de la route de Compiègne à Roye. Ce lieu a été classé Monument Historique. Il revend le château dès 1808. Sous-préfet de Compiègne de 1800 à 1811, il acquit les Fossés le 17 janvier 1809 (Niguet notaire) des époux Le Cauchois. Compromis dans des spéculations financières imprudentes, il dut démissionner.

Notre personnage mourut en 1826 et ses héritiers ou ses créanciers revendirent les Fossés à M. Oerthling, ambassadeur du Mecklembourg à Paris. Sa seconde femme lui survécut et mourut à Compiègne le 13 Novembre 1856 à l’âge de 70 ans.

Il fut père d’au moins un enfant, âgé de 12 ans révolus lors de la vente des Fossés. Ce petit Adrien, qui dût jouer dans les mêmes buissons qu’ Alexandre Dumas 5 ans plus tôt, était né à Paris le 6 décembre 1796.

Certainement très studieux, il fut élève à l’Ecole Normale Supérieure de 1813 à 1816, c’est-à-dire dès l’âge de 17ans.

Il sera à 24 ans et pendant 32 ans professeur d’histoire à l’Ecole Royale des Beaux-Arts et à Saint Louis (1820-1852), et bibliothécaire de l’Ecole des Beaux-Arts.

En 1830, à 34 ans, il épouse Adèle Lebreton, née à Paris le 25 avril 1794, décédée en 1854 à Paris également. Cette artiste peintre était l’élève de son père, Jean-François Lebreton. Une copie du “Pie VII” de David peinte par elle se trouve au musée de Soissons. Adrien mourut veuf à 66 ans à Paris, en décembre 1862.

 

 

Les Fossés sous le comte Oerthling

Un ambassadeur Mecklembourgeois dont les fils reviennent en occupants

Samuel Hermann Œrthling, puis von Œrthling, docteur en médecine, homme d’affaires et ambassadeur du Mecklembourg-Schwerin en France, était né le samedi 30 novembre 1799 à Rostock, fils de Samuel Gustav Œrthling, docteur en médecine, homme d’affaires. Son père et sa famille étaient déjà actifs à Paris. Ils y avaient un domicile au 14 rue de la Madeleine, qui restera l’adresse de leur bureau commercial et…de la légation du Mecklembourg-Schwerin. Ainsi, son père apparaissait dès 1808 dans une affaire extraordinaire d’abus de confiance frappant l’entrepreneur d’origine française  Cazeau, affaire qui dura plus de 50 ans  entre les Etats Unis, le Canada et la France : on  vit le dit Cazeau s’appuyer quelques temps sur Œrthling père, auquel il écrit à l’adresse 14 rue de la Madeleine faubourg Honoré. Les héritiers Cazeau plaidaient encore en 1893…

Ce père, important dignitaire de la franc-maçonnerie à Rostock, était bien un ‘homme d’affaires': il avait ainsi acheté le château de Puiseux-en-Retz, à 5 km d’Haramont, le 16 novembre 1795 à Paul François Costard ou François Bugnicourt, fripier à Soissons. Il le revendit en 1818 à Louis-Charles Tourillon, entrepreneur de travaux publics. Pratiques répandues de l’époque, et semblables à celles de Jarry de Mancy.

Son grand-père, également prénommé Samuel Gustav (1709-1768), prospère homme de commerce à Rostock –la capitale de la Ligue Hanséatique, avait épousé Katharine Elisabeth Spalding (1718-Güstrow-1798, Güstrow), d’une importante lignée de marchands et sénateurs d’origine écossaise venus en Poméranie à la fin du XVIème siècle. Par les Spalding, les Oerthling descendaient des O’gilvy, barons de Kilur et des Crichton of Ruthven.

Les Œrthling, avant d’embrasser les affaires hanséatiques, étaient pasteurs luthériens mais aussi médecins très réputés[i]. Cet héritage fit que les fils étudièrent systématiquement la médecine, même si leurs activités professionnelles ultérieures les conduisirent hors de cette voie, ce qui est le cas de notre diplomate.

Leur filiation est connue jusqu’à Joachim Œrthling (1565-1606), alderman à Pritswalk, dans le nord ouest du Brandebourg, marié à Anna Kranker.

Leur fils  Joachim Daniel (1614-1654) fut pasteur à Trieglaf, en Poméranie, où il succéda à son beau-père Matthias Horn, père de sa femme Elisabeth.

Ils furent parents de Samuel (1638, Trieglaf-1720, Brunn), pasteur à son tour (pasteur de Brunn et Ganzkow en Meklenburg Strelitz), marié à Sophia Lorentz (Laurentius), qui eurent, parmi 12 enfants, trois fils Joachim Felix (1678-1775), père de Samuel Gustav ci-dessus, Johann Friedrich (1698-1730), magistrat, père de Dorothea Elisabeth (Mme Johann Friedrich Crull, avec une descendance subsistante aux Etats-Unis) et Samuel, avocat conseiller secret du duc Philip Ernst de Schleswig-Holstein à Glücksburg, et père d’un Philip Ernst (1710-1753).


Notre Samuel fils restera attaché successivement à la cour de Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe puis de Napoléon III. Il est cité dans les almanachs comme chargé d’affaires à Paris en 1818, puis ministre plénipotentiaire, et enfin conseiller privé (Almanach de Gotha 1863, p.527). Il resta longtemps le doyen du Corps diplomatique à Paris.

Œrthling est anobli le 10/12/1832 par le grand duc de Mecklembourg-Schwerin, Friedrich Franz I. Le griffon de  Rostock a été ajouté au blason comme un signe de cette faveur, parce que la famille avait ses racines à Rostock.

Il eut à mettre en œuvre le mariage de Ferdinand d’Orléans duc de Chartres, prince royal, fils aîné de Louis-Philippe, et ami très intime d’Alexandre Dumas père, avec Hélène de Mecklembourg-Schwerin le 30 mai 1837. Le duc d’Orléans, qui mourra tragiquement,  s’intéressait d’une manière toute particulière aux beaux-arts, aux sciences et à la littérature française. A l’occasion de son mariage il demanda au roi son père, comme cadeau de noces, le droit de disposer de quatre croix de la Légion d’honneur : une de Commandeur pour le savant Arago, une d’Officier pour Victor Hugo, et deux croix de Chevaliers, l’une pour l’historien Augustin Thierry, l’autre pour le grand et déjà célèbre romancier,
Alexandre Dumas. A cette même occasion Œrthling fut fait par Louis-Philippe Commandeur de la Légion d’Honneur: amusant clin d’œil du hasard. Ces deux occupants du château des Fossés se côtoyèrent forcément, se parlèrent sûrement, mais il ne semble pas qu’ils aient découvert leur point commun!

Voici ce que disait l’abbé F. Chollet, vers 1853, du château des Fossés :

« ‘Voulez-vous voir une maison de campagne qui cache sa nudité dans l’ombre, sa tristesse dans le feuillé des arbres? Voulez-vous vous ennuyer dans je ne sais combien de petits sentiers tortueux qui grimpent, montent et descendent comme des chèvres? Allez aux fossés d’Haramont. A peine avez-vous franchi la porte que l’ennui s’empare de vous, qu’il vous tarde d’être sorti et de reprendre votre route. J’ai visité, il n’y a pas bien longtemps, en l’absence du maître, cet ancien château de M. le comte Desgrigny. Quelle tristesse partout! Quelle solitude! Quel incroyable délabrement dans toutes les chambres, dans tous les appartements, qui sont nombreux et vastes quelquefois! Il faut l’avoir vu, comme moi, pour s’en faire une idée seulement, et tout ce que j’en pourrais dire serait toujours bien au-dessous de la réalité; et néanmoins cette maison est habitée dans la belle saison et pendant quelques mois de l’année: c’est un ministre, un agent diplomatique du Mecklembourg, le doyen peut-être des diplomates, célibataire et protestant qui l’occupe aujourd’hui et qui en est le propriétaire. Ah! s’il le savait, qu’en penserait M. le comte de Desgrigny, et que dirait-il, si les morts pouvaient revenir sur la terre? Catule lui-même qui m’accompagnait, semblait comme perdu et égaré dans cette triste et froide demeure, dont les eaux abondantes qui tombent en cascade s’enfuient bien vite vers Longpré.

Comme elles, nous nous sauvons, mais dans une direction toute opposée, et après quelques instants, nous entrons dans la vallée; nous apercevons bientôt les premières maisons d’Haramont, joli village situé dans la forêt, célèbre autrefois par son attachement aux Bourbons et par l’ardeur guerrière dont il fit preuve à cette époque; aujourd’hui les choses seraient bien changées si l’on en croit l’urne électorale qui est quelquefois trompeuse. Voyez-vous ce clocher qui paraît comme à cheval sur le choeur de l’église? Il a remplacé, il y a près d’un demi-siècle, une flèche élégante qui s’élevait autrefois dans les airs : minée peu à peu par le temps, ce grand rongeur des édifices publics et de tous les monuments. Une tempête de mars, violente et soudaine, l’a renversée dans la cour même du presbytère, et en tombant elle s’est enfoncée bien avant dans la terre et sans presque faire de dégâts. Le coq qui avait vécu pendant des siècles en bonne intelligence avec elle, ne l’a point suivie dans sa chute; mais, infidèle et volage.

Ce tableau sinistre dû à l’état d’abandon de la part du diplomate célibataire a l’intérêt de nous montrer qu’en 1853 ‘les eaux abondantes » qui remplissaient mes fossés, comme des douves en eau, et étaient alimentées par la source de la Dhuys et les pleurs et rus des coteaux, s’écoulaient « en cascade » (il s’agit de la chute en aval du grand bassin ouest des Fossés qui alimente le ru coulant vers Longpré. Le système hydraulique de cet ensemble fonctionnait à merveille malgré l’absence du propriétaire, et nulle allusion n’est faite à des invasions d’eaux torrentielles chargées de boues comme il en est apparu tant depuis la seconde moitié du XXème siècle, après que les terres des plateaux supérieurs aient été dissociés de la propriété du château, et donc exploitées sans aucune préoccupation des conséquences sur celui-ci.

Et encore, vers 1866 selon A. Michaux, au décès du sieur Oerthling, le château était dans “un état de délabrement impossible à décrire”.

Oerthling mourut en 1868. Ses fils, Gustave Hermann Georges, demeurant à Warlange près de Folkenburg en Poméranie (Prusse) et Richard Hermann Otto, demeurant à Venwuhrom, dans la même région, vendirent le domaine par acte du 15 août 1868. Les hasards de l’histoire ramenèrent l’un d’entre eux à Villers-Cotterêts sous l’uniforme de cuirassier blanc de la Prusse victorieuse en 1870.

L’acquéreur fut M. Aubin Desprez, négociant tanneur, né le 14 février 1807 à La Chartre-sur-le Loir (72) et mort dès le 10 septembre 1870 à Gentilly. C’est lui qui fit entièrement restaurer le château et compléter les dépendances avant 1875 (date inscrite sur la cheminée).

Il laissa les Fossés à sa fille Louise Euphémie, née le 2 novembre 1849 à Paris. Celle-ci épousa d’abord Georges Olivier, baron du Sault, né vers 1847 à Lignan (Gironde), mort le 12 avril 1877 aux Fossés.

 

Ecu du Sault / Le colombier des Fossés

 

 

La famille du Sault: des vignes de Guyenne au Valois, au Brésil, et à St Domingue

Georges Olivier, baron du Sault était issu d’une ancienne famille originaire de Bayonne et du Bordelais.

Son père, le chevalier Emmanuel-Marie, était officier et frère cadet d’Amédée-Jean-Baptiste, qui s’était fixé à La Havane et avait continué la branche aînée avec sa femme Euphrosine de la Mothe, enfuie de Saint Domingue après les massacres de 1795. Leur descendance s’est établie au Brésil.

Emmanuel-Marie servit avec le 27è régiment de ligne en Espagne, en Grèce, et démissionna lors des évènements qui préludèrent à la majorité de Henry V. Il épousa le 11 septembre 1839 Anne-Pauline de Luëtkens, fille de Jean-Jacques, et de Louise Pauline de Raymond -soeur de la comtesse de Fumel. C’est sous la houlette de cette dernière que leur château de la Tour Canet fut classé Grand Cru en 1855 (4ème Grand Cru classé du Médoc). Le vignoble, hérité du père de Jean-Jacques, Charles (de) Luëtkens, écuyer, conseiller du roi, contrôleur des guerres, couvrait alors 52 ha. C’est là que Jean-Jacques de Luëtkens avait caché La Roche-Jacquelein pendant les Cent jours.

La famille protestante Luëtkens était d’origine suédoise, passée de Lûbeck à Bordeaux pour y établir son négoce en 1686.

Cet Emmanuel était lui-même fils de Jean-Jacques du Sault, chevalier de Saint Louis (07/03/1815), émigré, maître dans les Mousquetaires à Andernack en 1791, et de Jeanne de Freslon de Saint-Aubin, épousée à Londres le 2 août 1796.

 

Louise Euphémie Desprez et Georges Olivier du Sault eurent deux enfants:

– Jeanne Marie, née le 30 mai 1876 aux Fossés, qui mourra d’une tuberculose attrapée en soignant les soldats de la Grande Guerre réfugiés aux Fossés ou ceux qu’elle veillait à l’hôpital de Villers-Cotterêts où elle était infirmière.

– Guy-Olivier, né posthume le 5 juillet 1877, futur maire d’Haramont (1931-1944), décédé le 23 juillet 1951 à Haramont, qui épousa le 27 septembre 1920 à Bordeaux Marie Henriette Delouttre. Il exploita d’abord les vignobles de Château-Meynier. Reprenant les Fossés par la suite, il acquit aussi le donjon de Vez.

Il fit classer l’église Saint-Clément en 1933.

 

Blason des Semellé

 

Bref intermède africain

Mais, revenant en arrière, après le décès prématuré de son mari et la naissance posthume de son fils, Louise s’était remariée le 29 Mars 1880 à Charles Georges, baron, dit le comte de Semellé, officier, armateur (1845-22/10/1880), qui disparut en mer sept mois après le mariage, à bord du “Gaboon”, au large de Rio de Oro (Sahara Occidental) !

 

 

Les aventures de Charles, comte de Semellé :

D’où venait-il ?

Né le 5 juin 1845 à Courcelles-Chaussy (55). Officier armateur domicilié 21 boulevard de Strasbourg, à Paris, il épouse le 29 mars 1880 à Haramont, devant le maire Charles Auguste Gressier, vannier, Louise, fille d’Aubin Desprez, et veuve de Georges-Olivier du Sault.

Il était fils de Charles (24/10/1815-jan 1896 Laglio- lac de Côme) et de Céphalie de Carrey d’Asnières, et petit-fils de Jean-Baptiste-Pierre-Hippolyte, chef de bataillon à l’armée d’Italie (1797-99), où il côtoya sûrement le général Dumas, père d’Alexandre et prédécesseur de son petit-fils aux Fossés ; chef de brigade à la 20° légère (25/11/1799); baron (LP 1/6/1808), général de brigade (1/7/1807), de division (11/7/1811), député de la Moselle (1822-1830-37), chevalier de la Légion d’Honneur, de Saint Louis, né à Metz 16/6/1773, + 24/1/1839 à Urville, et de Cécile-Barbe Masson. Le baron d’Empire Semellé acquit et restaura le château d’Urville, édifié au XVII° siècle à Courcelles-Chaussy (55). Là se replièrent, en octobre 1813, après la défaite de Leipzig, les généraux Berthier et Radet, général de gendarmerie (1762-1825), officier à St Domingue (1784-1786), puis auteur de l’arrestation de Louis XVI à Varennes et de l’enlèvement du Pape en 1809. Ils y installèrent leur Grand Quartier Général. En 1870, après les combats de Stiring Bazaine il installera aussi son GQG à Urville, où il reçoit Napoléon III le 10 août. Le 13 août la 1ère Armée allemande occupe le château. Guillaume II l’acquiert en 1890 et le modernise. Ceci attirera les curieux jusqu’au début de la Grande Guerre. En 1918 il retourne à la France et est affecté à l’enseignement agricole. Il devient école régionale d’agriculture vers 1945.

 

Qui était-il ?

Il dirige en 1880 une expédition au Niger. Faute de moyens publics, le financement était fourni par la société de commerce desprès & Huchet, et par un agronome, Jean-Baptiste Jasselme-Lacroix, maire de Villeneuve-Saint Denis (1878-1881), lié à sa soeur Nahida dont le château de la Guette se trouvait sur la commune. Il établit son centre d’opération à Brass-River, où il ne reste que le temps nécessaire pour créer quelques magasins.  » Puis, pénétrant dans le fleuve, il le remonta sans s’arrêter jusqu’à Egga, situé à 130 lieues de la côte, qu’il choisit comme point extrême de ses opérations. Cette création fortement assise, il se rabattit ensuite vers la côte, établissant successivement des factoreries à Lokodja, Igbébé, Onitsha et Abbo sur le Niger, et à Loko sur le Bénué. »

Viard était à Lokodja, au pied du mont Pateh et à 100 lieues environ de la côte, où la rivière Bénué rejoint le Niger. Le comte de Semellé revient d’expédition. « Dans quel état! Parti pour Bidda afin de voir le roi Amrou, il avait appris en route que ce dernier, alors en guerre avec des peuplades rebelles, était allé rejoindre ses troupes; par suite, nécéssité pour le comte de Semellé de se rendre au camp de guerre du roi.

Pendant vingt jours, sous des pluies torrentielles, à travers des chemins défoncés, tantôt passant des cours d’eau qui lui prenaient le corps jusqu’aux épaules; d’autres fois gravissant des montagnes presque droites, il dut marcher, sans avoir pu se procurer sur sa route quoi que ce fut, les quelques villages trouvés en chemin ayant été dévastés par les contingents qu’Amron avait appelés à son aide.

Il revenait avec l’autorisation d’Amron, oui, mais exténué par les fatigues et la fièvre, et avec une dysenterie qui ne devait pas se guérir.

Une fois installé dans un lit de la factorerie, les visites affluèrent. Les femmes étaient en grand nombre. Yayi ne manqua pas de venir.

Pendant les quelques jours que le malade resta à la factorerie, elle ne voulut pas le quitter, quoiqu’on fut venu plusieurs fois la chercher de la part de la première femme de sa case;

« De juin à décembre on est constamment trempé par les pluies et de janvier à mai journellement grillé par le soleil; pas de milieu. Aussi les fièvres sont-elles fréquentes et d’une intensité plus grande que celles de l’intérieur ».

Le 22 octobre 1880 à 20h30, rentrant en France faire connaître le résultat de ses efforts, il mourut à bord du « Gaboon », navire qui le ramenait, au sud des Canaries, par 21°32′ de latitude Nord et 17°30′ de longitude ouest. Son corps fut jeté à la mer le lendemain à 8h par 23°5′ de latitude nord et 17°15′ de longitude ouest (extrait signé du 22.12.1880 par Sir Everard Home Coleman, Greffier en chef du Bureau central de la Navigation et de la mer à Londres). Le Gaboon rejoignit ensuite Glasgow.

Peu après, début 1881 un vicomte d’Agoult géographe mourut dès son arrivée et repose à Brass-River.

Les Anglais avaient jusque là le monopole du traffic commercial sur le fleuve. Semellé avait convaincu le roi local Amrou, par l’influence de son futur héritier Maléqui, d’accorder des droits également aux Français. (Début 1884, la compagnie anglaise concernée rachètera les établissements et matériels français de la Brass River à prix d’or pour retrouver leur position de monopole).

(Bibl.: E. Viard ‘Au Bas-Niger’, Paris 1886; Bull.de l’Association ‘Renaissance et Sauvegarde d’Haramont’ -n° 14, avril 1995)

 

 

 

Retour aux Fossés: la Grande Guerre

Veuve à nouveau, Louise de Semellé mènera pendant un tiers de siècle une vie apparemment sans histoire entre son hôtel particulier parisien et les Fossés où vint s’établir son fils. Ses enfants avaient hérité de leut tante Nahida de Semellé du château de la Guette, qui sera bientôt revendu au voisin Edmond de Rothschild qui le rattacha à son domaine de Ferrières à usage de pavillon de chasse. (Pendant l’occupation allemande de 1939-45 il abritera des orphelins juifs. Il est depuis réaménagé en 32 logements sociaux, et sert de maison de retraite dans le cadre de la fondation Rothschild.)

Mais la Grande Guerre ruine cette belle tranquilité, l’ennemi est aux portes des Fossés, les villages proches, les propriétés d’amis sont ravagés par le conflit. « Moins d’un mois après la déclaration de la guerre du 3 août 1914, c’est Charleroi, la poussée des Allemands sur Paris, la bataille de l’Ourcq. Villers-Cotterêts sera occupée par les Allemands le 1er septembre 1914. Là, le docteur Mouflier et sa femme décident de rester. Dès l’ouverture des hostilités ils ouvrent un hôpital temporaire ave le concours de « l’Union des Femmes de France » (UFF) que préside rapidement Louise, comtesse de Semellé, entourée de nombreuses autres femmes comme l’américaine Helen Poidatz.

Elle s’occupera tout aussi activement des blessés de la Grande Guerre recueillis aux Fossés, transformés en hôpital de campagne, ou logés dans ses carrières souterraines à proximité.

Lors de la guerre des tranchées, le 16 Janvier 1916 des unités du Régiment de Marche de la Légion Etrangère ont ordre de quitter le château de Montgobert. Parmi elles vont aux Fossés la 11ème compagnie du 3ème bataillon va à Longpré, la 12ème compagnie et les mitrailleuses, auxquelles appartient un certain Jose Bès.

C’est l’auteur du bien connu ‘Rêve du Poilu’, sculpture grandeur nature d’une femme nue en bas-relief à l’entrée de la carrière qui appartenait alors au château.

Bès, citoyen espagnol né le 13 juin 1881 près de Barcelone, diplômé des beaux arts, s’oriente vers les métiers de l’édition artistique et vient travailler en France, à Paris, en qualité de photograveur. Il s’engagea à l’occasion du conflit par reconnaissance pour la France et fut incorporé au 1er régiment étranger lors de son engagement. Son père ne comprit pas son engagement, le somma de revenir en Espagne, d’autant plus fâché qu’il avait payé une somme non négligeable pour le faire dispenser de service militaire dans son pays

Au cours de ce conflit, il fut blessé d’un éclat d’obus à la tête en 1918, et il souffrira longtemps de ses séquelles et en particulier de pertes d’équilibre. Il reprendra son activité professionnelle aux imprimeries « Les Fils de Victor Michel » à Paris ou semble-t-il il travaillait déjà avant 1914.et est décédé en 1944  (détails communiqués par son petit-fils M. Gérard Bès à X. Blutel).

 

Peu après,  l’Etat Major du 4ème Régiment de Spahis quitte Ivors le 2 décembre 1916 pour se porter à Haramont. Ce régiment de 666 hommes et 671 chevaux avait embarqué à Sfax le 1er septembre 1914. Le 4 décembre 1916, ses 4 escadrons, relevés au front entre Feuillères et Blache sous le général Viollaud, sont regroupés aux ordres d’un lointain oncle de l’actuel propriétaire X. Blutel, le colonel Sarton du Jonchay, dans la zone de cantonnement d’Haramont, Longpré et Bonneuil. Là, le régiment fournit un détachement de 140 hommes destinés à remplacer les hussards qui occupent les tranchées dans le secteur Berry-Chevilecourt. Suite aux violents bombardements on ramène 10 blessés. Le 31 décembre, le 4ème Spahis est divisé en deux groupes d’escadrons divisionnaires : deux cantonnés à Bonneuil, et les deux autres à Longpré et aux Fossés, où ils sont rattachés à la 70ème Division d’Infanterie. Ces deux groupes continuent d’alimenter en hommes les tranchées de Chevicourt. Ils repartent en mars 1917.

 

Période contemporaine

Louise mourut en 1934 et la propriété des Fossés passa a son seul fils, l’enfant posthume de son bref premier mariage, Guy-Olivier du Sault (05/07/1877-23/07/1951. Il dut vendre d’abord la ferme et la plupart du domaine puis, en 1947, Vez à M. Barbier. Après sa mort, ses enfants Henri et Christiane cédèrent le château en 1952 à M. Dobbels, agriculteur de Largny, qui l’afferma à des tiers qui l’utilisèrent comme entrepôt agricole, notamment pour y faire vieillir des pommes de terre…

En juillet 1961, après son décès, son fils Claude Dobbels revendit avec son frère le château, tout en reprenant l’exploitation de la ferme et des terres agricoles. Très dégradé, il passa ainsi à M. Laval, chirurgien dentiste, décédé en 1966 après avoir entrepris une série de réaménagements. Sa veuve et ses fils revendirent le tout en 10/1999 à M. Xavier Blutel, résidant alors en Thaïlande.